Chevallier, Philippe (ENS Éditions, 2011).
Des premiers rites baptismaux à la confession moderne, les références au christianisme sont constantes dans l'œuvre de Michel Foucault. Cette constance s'inscrit dans un questionnement philosophique plus large sur notre actualité : comprendre le rapport que nous avons aujourd’hui à nous-mêmes demande de s’interroger sur les actes de vérité que l’Occident a instaurés depuis les premiers siècles chrétiens. Que faut-il dire et manifester de soi pour être transformé dans son être, pardonné, sauvé, jugé ou guéri ? Ce livre propose une étude critique de l’ensemble des lectures chrétiennes de Foucault, avec une attention particulière portée au cours Du gouvernement des vivants (1979-1980). Ni chronologique ni thématique, le parcours suivi espère retrouver la logique d’un travail à la fois philosophique et historique : quand et comment le christianisme a-t-il été constitué par Foucault en objet de recherche, avec quelles pratiques de lecture et quelles conséquences sur l’interprétation ? Attentif aux mots plus qu’aux choses, le philosophe repère les glissements sémantiques successifs qui annoncent, entre le IIe et le IVe siècle de notre ère, le passage du monde antique à un univers inédit : celui de la perfection impossible et des fidélités difficiles. Loin de l’image facile d’un christianisme ascétique et intransigeant, Foucault définit l’originalité chrétienne comme la reconnaissance et l’institution paradoxale d’un rapport précaire à la vérité.